J'aime innover, pas forcément rédiger !
- amira-zguira
- Apr 29
- 3 min read

Vendredi soir, attablés au café du premier étage de la tour du pavillon Jeanne Lapointe à l'Université Laval, j'ai participé à l'une de ces conversations qui vous habitent encore longtemps après qu'elles se soient éteintes.
Entre cafés serrés, nous étions trois amis : l'un poursuivant sa maîtrise professionnelle, l'autre plongé dans son doctorat, et moi au milieu, captivée par leur passion respective. Le sujet qui a enflammé nos échanges ? L'utilisation des robots conversationnels comme Claude ou ChatGPT pour la rédaction de mémoires académiques.
Je les ai observés, ces deux visages familiers unis dans leur défense de l'authenticité académique. Mon ami doctorant, les traits tirés par des nuits de recherche, défendait avec ferveur l'idée que la recherche académique doit rester le fruit d'une réflexion authentiquement humaine : "Comment peux-tu prétendre contribuer au savoir si tu délègues ta pensée critique à une machine ?" lançait-il, ses yeux brillant d'une conviction presque sacrée.
À ses côtés, mon ami en maîtrise professionnelle abondait dans son sens, soulignant l'importance cruciale de la méthodologie en recherche et la nécessité d'une reformulation humaine, particulièrement dans le domaine académique.
Face à leurs arguments, j'ai pris position en défendant une vision plus nuancée. "Pour moi," ai-je dit, "l'IA est le catalyseur de mes idées, l'accélérateur de mes mots, le point de mon stylo numérique, le dictionnaire rapide, la règle de mes paragraphes." J'ai poursuivi avec cette métaphore qui me semblait parfaite : "Il y a des vélos électriques, mais sans l'homme qui va les conduire, les orienter, les commander et les contrôler, ils ne peuvent pas circuler tout seuls."
Cette dialectique entre tradition et innovation m'a fait réaliser à quel point nous sommes à la croisée des chemins. Nos étudiants développent aujourd'hui une relation complexe avec ces outils, sans toujours comprendre comment les utiliser judicieusement. Mais j'ai aussi une perspective unique sur la question.
"J'ai vécu la période en 2010 où ChatGPT n'existait pas," leur ai-je rappelé. "J'ai rédigé mon mémoire de master de recherche en 18 mois - et ce n'était pas seulement de la rédaction, mais aussi une programmation à exécuter. J'ai vécu ces nuits blanches en rédigeant, en corrigeant, en reformulant encore et encore. Mais si j'avais été à cette période 2024-2025, j'aurais pu gagner au minimum 12 mois."
J'ai conclu mon argument avec une analogie qui m'est venue spontanément : "Si tu me dis que ce n'est pas éthique d'écrire avec l'IA et que ce ne sera pas proprement ton travail, je te répondrai ceci : c'est comme si tu veux parcourir 5 kilomètres jusqu'à une destination. Tu peux choisir d'y aller à pied, et comme ça c'est toi qui as fait tout le parcours. Ou bien tu peux choisir un taxi, c'est l'IA à 100% qui conduit, mais toi qui paye :) . Ou encore mieux, opter pour un vélo électrique, une vraie collaboration IA-humain ! Dans tous les cas, tu arrives à ta destination ! Moi, je choisis un vélo électrique, j'aime faire du sport et en même temps gagner du temps. :) "
"Et c'est vrai," ai-je ajouté, "le but est le même : arriver à destination. Mais avec le vélo électrique, c'est toi qui sculptes ton parcours à ta façon, à ta manière, selon tes convictions, en respectant effectivement l'éthique. Mais ici, tout dépend de comment tu perçois cette "éthique" dont tout le monde parle concernant l'utilisation de l'IA."
Au-delà des questions d'éthique académique, c'est notre rapport même au savoir qui est en jeu. L'apprentissage n'est-il pas aussi dans notre capacité à utiliser intelligemment les outils à notre disposition ? N'y a-t-il pas une valeur fondamentale dans l'art de diriger et d'orienter ces outils pour qu'ils servent véritablement notre pensée ?
Je n'ai pas de réponse définitive, seulement cette conviction que le débat mérite d'être porté dans nos institutions, dans nos entreprises, partout où l'on valorise encore la pensée originale.
D'ailleurs, cette publication même est un exemple parfait de ce que je défends : elle n'a pas été rédigée par l'IA mais avec l'IA. Ce sont toutes mes idées. Comme je le dis souvent : "J'aime innover, pas forcément rédiger ! ;) "
Et vous, voyez-vous l'IA comme un vélo électrique qui vous aide à parcourir le chemin de la connaissance tout en restant aux commandes, ou préférez-vous la marche traditionnelle, plus lente mais entièrement vôtre ? Ou peut-être êtes-vous plutôt "taxi", laissant l'IA faire tout le travail ? Quelle place accordez-vous à ces outils dans votre parcours professionnel ou académique ?
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